Extrait de la mappe sarde de 1728-1738, en rouge une partie de la propriété de Châteaufort
Extrait de la mappe sarde de 1728-1738, en rouge une partie de la propriété de Châteaufort

 

A7- Les propriétés vinicoles de Motz

 

 

 

Le colonel de Pelly, lorsqu'il parle de son vin, cite très souvent ses propriétés de Châteaufort et Vencières. Il s'agit de deux mas différents mais tous les deux situés sur la commune de Motz, actuellement dans le département de la Savoie. Ces propriétés ne sont éloignées de Desingy que d'une dizaine de kilomètres mais il faut franchir le Fier juste avant qu'il ne rejoigne le Rhône.

 

A partir des informations contenues sur la mappe sarde de 1730 on peut se faire une idée de ces propriétés dont l'ensemble avait une surface de 12 ha pour un total de 25 parcelles. Les descriptions suivantes sont tirées de la mappe sarde et ne tiennent pas compte d'améliorations postérieures à l'établissement du cadastre sarde.

 

La commune de Motz (974 ha) est adossée à la montagne, on y trouvait donc de nombreux rochers (213 ha), bois et broussailles (359 ha). Venaient ensuite les champs (159 ha) et la vigne (125 ha en 932 parcelles). Une parcelle moyenne de vigne a une surface de 13 a 47 ca.

 

 

 

La propriété de Châteaufort

 

C'est le plus important des deux ensemble avec une surface de 9 ha 76 a pour 19 parcelles. C'est la vigne (5 parcelles) avec une surface de 4 ha 45 a et les champs (2 parcelles) avec une surface identique de 4 ha 45 qui couvre l'essentiel de la propriété. Le reste étant constitué de deux masures, une maison, deux jardins, un petit pré (930 m2) et deux teppes pour 53 ares.

 

Ce qui est remarquable c'est que l'essentiel des parcelles du colonel (13 parcelles et 7 ha 4 a) appartenait au moment de l'établissement du cadastre au marquis des Bauges Louis de Lescheraine. Il était le fils de Louise de Seyssel et compte tenu de la proximité entre Seyssel et Châteaufort on peut raisonnablement penser qu'il tenait cette propriété de sa mère. Une parcelle de vigne de 1 ha 2 a, appartenait alors au curé de Serrières (un village voisin) et le reste de la future propriété de Pelly au recteur de la chapelle sainte Croix de Châteaufort.

 

On ne sait pas ni comment ni quand cette propriété est rentré dans la famille de Pelly. Les vignes de la propriété payait un impôt sur la base de 56 barils. Il est probable qu'à l'origine ces 56 barils, soit environ 2 900 litres, correspondaient au rendement moyen de 1730 mais un bon siècle plus tard, à l'époque du colonel les rendements étaient sans doute un peu supérieurs.

 

Le cru « Chantemerle » cité dans les carnets correspond à un toponyme de Châteaufort. La taille moyenne des parcelles de vigne de la propriété de Châteaufort est de 89 ares.

 

 

 

La propriété de Vencières

 

Cette petite propriété de 2 ha 46 a comprend 6 parcelles, 4 sont en vignes (2 ha 13 a), une en pré (29 a) et la dernière est un petit carré de broussailles (333 m2). A l'exception des broussailles toute la propriété appartenait à Louis de Lescheraine.

 

La taxation des vignes se fait sur la base globale de 30 barils (environ 1 560 litres).

 

La taille moyenne des parcelles de vigne est de 53 ares.

 

En conclusion, le colonel possèdait à Motz des propriétés essentiellement viticoles qui étaient caractérisées par des parcelles d'assez grande taille mais de rendement supposé assez faible (degré de bonté 1 ou 2, sauf 35 ares qui sont en degré de bonté 3). En conséquence il n'était taxé en moyenne que sur la base de 11,6 barils par hectare alors que la moyenne des vignes de Motz était taxée sur la base de 59 barils par hectare ! Au moment de l'établissement du cadastre les vignes des nobles sont en moyenne imposées sur la base de 16 barils par hectare, celles des bourgeois le sont sur la base de 32 barils par hectare et celles appartenant à des communiers1 sur celle de 96,5 barils par hectare !  J'ai un peu de mal à croire que les vignes des nobles étaient moins bonnes que celles des communiers...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1 Habitant de la paroisse ou de la commune.